Fiche spécifique « Pipit farlouse (Anthus pratensis) »

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Distribution dans l’Euregio Ardenne-Eifel-Oesling

L’espèce est largement répandue dans presque toute la région.  Elle manque toutefois dans les secteurs fortement boisés, comme certaines parties du centre de l’Oesling.

Distribution et habitat sur le plateau des Hautes-Fagnes

Ce Pipit concentre l’essentiel de ses effectifs dans les milieux très ouverts de la fagne des Deux-Séries, de la fagne Wallonne,  de la Poleur et de Clefaye, dans les prairies des Fermes en fagne et celles de la vallée de la petite Rur.  Dans le Nord-Est, il occupe surtout la Brackvenn et  une petite partie du Steinley et du Kutenhart.  L’espèce se cantonne dans tous les milieux non arborés et humides du Haut-Plateau : tourbières hautes intactes ou dégradées, bas-marais, prés de fauches fangeux des fonds de vallées.  Elle occupe aussi, mais en densité plus faible, des milieux plus secs : landes sèches, prairies drainées (cette enquête).  Enfin, on peut encore le trouver dans les très jeunes plantations d’épicéas (7) (Bick, 1977).

Son congénère, le Pipit des arbres freinerait son installation dans les landes partiellement reboisées, comme cela semble être le cas, par exemple, en bordure du Geitzbusch (cf. figure de la page suivante).  A son retour printanier, le Pipit des arbres expulserait le Pipit farlouse de son territoire (7).  Cette hypothèse paraît fondée : au moins jusque la fin mai, le Pipit des arbres réagit vivement à la repasse, sur son territoire, du chant de Farlouse (obs. pers. en fagnes des Deux-Séries).  Toutefois, dans les secteurs de faible densité de Pipit des arbres, les territoires des deux espèces peuvent se chevaucher (cf. fig. 3.1).


Importance et évolution des effectifs

Dans la première moitié du XIXe siècle, ce Pipit était, en Belgique, un nicheur très localisé (de Selys-Longchamps, 1842).  Mais sur le Haut-Plateau, l’espèce nichait déjà en nombre au début du XXe siècle (12).  Dans les années 1960, Fontaine (7) le trouvait toujours «  très commun et abondant comme nicheur partout où il n’y a pas d’arbres « .  A la fin des années 1970,  sa densité était estimée entre 125 et 625 couples dans les rectangles de Xhoffraix et de Reinartzhof (Peero et Devillers (in 6) ).  Durant notre enquête, il occupait un total de 96 carrés (dont 91 en période de reproduction).  Le dénombrement réalisé en 1989, en fagne des Deux-Séries (cf. méthodes), suggère, en outre, des densités moyennes d’environ un Farlouse pour 15 ha, et un pour 5 ha dans les secteurs les plus favorables.  A cet égard, il serait souhaitable d’évaluer sa densité dans la Brackvenn, car les tourbières dotées de palses semblent très attractives pour l’espèce (Glutz von Blotzheim, 1962).

La dernière décennie du XXe siècle, verra ses effectifs chuter un peu partout en Wallonie (de l’ordre de 10,5 % par an), mais moins en Ardenne et en Fagne-Famenne, en particulier dans les milieux de lisières (Vansteenwegen et Jacob 2000).

Fig. 3.1. A gauche : Distribution schématique des cantons de Pipits farlouse (A) et de Pipits des arbres (B) dans une partie de la Fagne des Deux Séries, en 1989. En grisé : ilôts boisés : 1 – Brochepierre; 2 – Geitzbusch. Les arbres isolés (principalement en bordure du Geitzbusch) ne sont pas représentés.

A droite : photographie aérienne (A. Drèze) de la parcelle étudiée (entre les traits noirs).

Déplacements

Migration de printemps : avec parfois des avant-coureurs début février (1), elle peut s’étendre de la mi-février aux premiers jours de mai (1, 16) (Spaepen, 1989).  D’habitude, les passages s’intensifient entre la mi-mars et la mi-avril (1, 7, 16).  En Haute-Ardenne, les nicheurs locaux peuvent déjà se cantonner en mars (1).

Migration d’automne : le passage est encore faible en août et en début septembre.  En moyenne, il augmente dès la deuxième décade de septembre et culmine souvent en octobre/début novembre (1, 16), ou parfois fin septembre/mi-octobre (1).

Hivernage : en Haute-Ardenne, l’espèce est rare en hiver (1), mais elle est régulière en dessous de 200 m d’altitude (1, 16).  Des vagues de froid et des chutes de neige peuvent entraîner le départ des hivernants (1, 21).