Chap. 1.1 – Le cadre géographique

1 – 1  Le relief

Le plateau des Hautes-Fagnes forme le sommet aplani de la partie nord orientale du massif ardennais. Vers le sillon mosan, il s’abaisse rapidement, mais à l’est, vers l’Eifel, il s’incline en pente douce.

Sur ce relief, la zone d’étude de l’avifaune s’étire le long de deux faîtières : la première, orientée sud-ouest/nord-est, comporte cinq sommets, de Botrange au Steling; la seconde, qui lui est perpendiculaire, forme l’axe Botrange – Baraque-Michel (fig. 1.3). L’altitude passe ainsi de 694 m (Botrange) à 420 m d’altitude (Stuhl).

Fig. 1.3 - Zone d'étude (en jaune), relief et points culminants du plateau des Hautes-Fagnes. B : Botrange (694 m), BM : Baraque-Michel (672 m), C : Cléfaye (640 m), BO : Bovel (660 m), H : Hahnheister (643 m), S : Steling (660 m).

1 – 2  Ruisseaux et plans d’eau

Sur le Haut-Plateau, une multitude de ruisseaux prennent source et gagnent les trois principaux bassins versants : au nord, la Vesdre, à l’est, la Rur et au sud, la Warche (fig. 1.4). Ces ruisseaux aux eaux acides et bien oxygénées s’écoulent sur des roches très pauvres et très dures (comme des quartzites), mais ceux de la vallée de la Rur, établis sur des roches d’une autre nature (des phyllades), bénéficient d’eaux plus minéralisées (Fabri et Leclercq 1984). Alors que les premiers sont dépourvus de poissons, les seconds hébergent une bonne densité de truites et de chabots (Philippart 1979, Philippart et Vranken 1983).

Fig. 1.4. - Principaux cours et plan d'eau mentionnés dans le texte. En jaune, la zone d'étude.

Le sommet de l’Ardenne possède très peu de plans d’eau naturels. Des levées de terre barrant certains ruisseaux forment quelques étangs, comme celui du Schwarzbach, créé en 1956 au pied de la Bergervenn (Drèze et Schumacker 1986 : 168). Vestiges de l’exploitation de la tourbe, les anciennes fosses se sont remplies d’eau. Quelques cratères de bombes, stigmates de la seconde guerre mondiale, ont fait de même et plus récemment, au pied de certaines tourbières, des mares sont apparues à la suite de travaux de gestion (fig. 1.5, Frankard et Ghiette 2000). En dehors de la zone d’étude, les lacs de barrage aménagés dans la seconde moitié du XIXe siècle (Gileppe), ou dans la première moitié du XXe siècle (Butgenbach, Eupen et Robertville), couvrent au total plusieurs centaines d’hectares (Collard et Bronowski 1977, 1993). Les oiseaux, qui fréquentent ces grands plans d’eau, peuvent survoler les fagnes et parfois s’y poser (Fontaine 1971).

Barrage avec exutoires (tourbière du Misten)

Fig. 1.5. - Barrage avec exutoires aménagés au pied de la tourbière du Misten (fagnes du Nord-Est). MM, août 2002.

1 – 3  Les caractéristiques du climat des Hautes-Fagnes

Conséquence de l’altitude, le climat des Hautes-Fagnes est particulièrement humide et frais. La hauteur moyenne annuelle de la lame d’eau est de l’ordre de 1400 mm (avec des extrêmes de 2024 mm en 1966 et 763 mm en 1921 à la Baraque-Michel), soit le double de celle du littoral (Sneyers et Vandiepenbeek 1995). Au fil des saisons, la moyenne mensuelle varie de 91 mm pour le mois le plus sec (avril) à 135  mm pour les plus arrosés (décembre et janvier, ibidem). Sur le Haut-Plateau, les brouillards sont aussi très fréquents.

Les températures moyennes mensuelles sont près de 4°-5° C inférieures à celles de la côte, l’écart se creusant légèrement en hiver (fig. 1.6). L’hiver est donc bien plus rude sur le Haut-Plateau que sur le littoral : ainsi la période sans gelée dure environ deux mois de moins sur la crête de l’Ardenne que sur la côte (ibidem).

Température de l'air

Fig. 1.6. - Température de l'air : variation des moyennes mensuelles du minimum journalier à Ostende (cercles) et Mont-Rigi (triangles) (données I.R.M.).

La neige – autre élément caractéristique du climat fagnard – tombe en moyenne sur la faîtière ardennaise entre le 25 octobre et le 3 mai (ibidem).  L’importance des chutes de neige est toutefois fort variable d’une année à l’autre (Erpicum et al. 1991, voir aussi le chapitre « Climat » dans la deuxième partie de l’ouvrage) et sa répartition annuelle connaît souvent plusieurs phases marquées (décembre, janvier-février et mars ; Drèze et Schumacker 1986).

1 – 4  Particularités de la météo durant la période d’enquête

La décennie 1980 a connu des conditions climatiques tout en contrastes.  Entre 1984 et 1987, le remarquable et remarqué tiercé d’hivers rigoureux – en particulier celui de 1984-85 très froid et neigeux – a constitué l’événement. Un tel trio ne fut en effet observé qu’une autre fois au cours du XXe siècle, dans les années 1940 (Elkins 1996). Les vagues de froid du premier trimestre 1985 ont par ailleurs touché une grande partie de l’Europe occidentale, et sans doute aussi les effectifs d’une série d’espèces (cf. chap. 5).

La fraîcheur et la pluviosité des printemps 1985-1987 furent de surcroît anormales. L’été 1989, chaud et sec, par contre, fut exceptionnel : cette année là après un hiver des plus clément, mais un mois d’avril bien arrosé, Uccle connut le printemps le plus sec et le plus ensoleillé du siècle (données I.R.M.).

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